LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

EMBÛCHES de TOLA TIEGNON GABRIEL : Quand la vie nous joue des tours

 Les prévisions des hommes semblent si pures parfois,  qu’ils  y mettent  toute leur foi. Seul maître de l’accomplissement de son vouloir, l’homme est près à renverser monts et montagnes qui se mettraient en travers de sa destinée. Pour son rêve, pour son amour, pour sa fierté, il peut en découdre farouchement avec un quelconque être humain ; soit-il le plus redoutable de l’humanité ! Mais en quoi pourrait se muer cet instinct lorsque l’entrave de l’humain, c’est sa vie elle-même…

 Quand les nuages se parent dans leurs robes de deuil, et que le regard sur  l’existence est troublé par des barbelés, nous sommes de plain-pied dans les EMBÛCHES  du DOCTEUR TOLA TIEGNON GABRIEL. Œuvre romanesque longue de 121 pages, elle nous entraîne sur un stade ou la magnanimité s’étiole.

 

C’est un sexagénaire, et pour son âge il reste un homme quelque peu différent. Différent pour ses choix en amour,  sa bravoure,  sa grande ignorance, mais surtout pour ses sacrifices pour celle qui fait battre son cœur. Quelque part, dans une contrée lointaine, dans l’un de ces reliefs qui fait la beauté de l’AFRIQUE noire, se trouve ‘’KUIDJE’’. Village, paré encore du costume de l’inacceptation de la colonisation  passée, comme nous le témoigne l’auteur à la page 10 par ce réalisme qui ne saurait passer inaperçu : ‘’…les maisons sont pour la plupart des cases rondes ou rectangulaires couvertes de chaume, les murs recouverts de poto poto présentent par endroits des parties nues’’. Et c’est dans cette ambiance naturelle  que  s’épanouit notre « vieux » ZIA. La vie lui a fait don d’une splendide épouse, parfaite à tout point de vue : NOUKA. Cette dernière à son tour lui donnera un fils, son unique d’ailleurs ! L’incapacité du couple à donner d’autres enfants au village restera l’une des plus grandes douleurs de ZIA et son épouse. En ce qui concerne le vieux, il prenait avec beaucoup de sagesse cette situation malgré les railleries. il aimait éperdument sa femme, et pour rien au monde,  n’entendait lui prendre une coépouse, fut-elle plus féconde qu’une poule. Les commentaires allaient bon train. Malheureusement un mal pernicieux rongeait sa tendre amoureuse. Que serait-il sans sa NOUKA ? L’idée de la savoir malade, lui tenaillait les tripes. Ni les guérisseurs, ni les féticheurs, ne sont parvenus à aider la femme du vieux. Alors il décide de l’évacuer vers la grande ville. Début d’une histoire sans fin ? Aventure ambiguë ?   Qu’est ce qui se passe lorsqu’on se retrouve dans la gueule béante d’une ville où l’on n’a ni amis ni famille…

NOUKA, couchée sur son lit d’hôpital, est aux antipodes de la vie. Zia, vit au jour le jour. Des réalités des égouts éventrés, des rats qui luttent la couchette de hommes, des latrines à ciel ouvert… le vieux est sidéré ! Comme si cela ne suffisait pas, il subit l’indifférence et la méchanceté des hommes face à son analphabétisme. Parfois il est au bord de la déchéance, mais l’amour pour NOUKA, lui redonne sa vigueur d’antan, et il espère. Que devient le vieux, quand il ne lui reste que 500f, et pour se nourrir, et pour acheter les médicaments de sa femme ? ZIA sait qu’il un DIEU pour les pauvres. Mais ce dieu qui répond au nom de BELLO, que demandera t-il en échange du service rendu ? NOUKA est guérie, ZIA envisage leur retour triomphal à KUIDJE. La joie du vieux est indescriptible, il est à jamais reconnaissant à son bienfaiteur.

Même à 45 ans, sa bien-aimée fait toujours de l’effet aux hommes. Avec ses rondeurs qui ont vaincu l’âge, BELLO s’est juré ‘’je les toucherai, oui je les toucherai’’. Prenant son envol pour le pays des Blancs, il se fit à jamais cette promesse… qu’en est-il du retour de ZIA  et sa femme au village ? Assurément tout repose sur la langue de BELLO le bienfaiteur…

 

Embûches  de nos consciences, de nos certitudes, de nos croyances… ce roman a un caractère tout de même éthéré.  N’empêche, à mesure que les pages se tournent, on se heurte par moment  à certaines situations dont la logique est décousue. C’est le cas des pages 81  et 85 où on a du mal à percevoir le nombre exact de mois que le personnage principal devra effectuer chez son bienfaiteur ; tantôt l’auteur mentionne deux mois, et après trois…

 L’outrecuidance de l’homme est mise à nue, le néocolonialisme  implicitement abordé, les attentes stridentes de l’homme… la plume du DOCTEUR TOLA TIEGNON GABRIEL  nous a livré un match à la hauteur des différentes faces de la société.

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ATTE SOSTENE

Embûches  de Tola Tiegnon Gabriel, éditions L’harmattan

 

In Le nouveau Courrier du vendredi 06 juin 2014

 



09/06/2014
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