LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

« Je te le Devais Bien » de Flore Hazoumé : Elle nous le devait bien…

  Cette citoyenne du monde nous devait bien ces lettres dorées.  Une littérature charroyée dans une  écriture choyée. Avec des mots de chaque jour, elle nous ouvre l’antre des phrases uniques, des  phrases qui subjuguent  et les cœurs et les esprits. Ce livre est une bonne auberge pour  désaltérer les esprits  errants dans le désert des lettres…

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Un livre pas du tout impressionnant par son poids, mais  ô combien si lourd de pas son contenu ! Juste 139 pages  pour pleurer un passé  chatouillé par les temps et les circonstances. Des forces que l’humain ne maîtrise pas forcement. Ce livre est un journal intime  de l’enfant que Flore Hazoumé à bien voulu nous faire découvrir.

 

‘’Souvent, la grande histoire côtoie la petite histoire de nos vies individuels… ces bouleversements dans nos vies ne font pas la une des journaux. Les plus terribles rempliront peut-être  la rubrique des faits divers ; les autres, incolores pour le grand public, se contenteront de déchirer silencieusement nos cœurs et de briser sans effusion de sang nos vies et nos âmes’’  (P.03). Le stoïcisme de la vie peut-être ?  Les mots sont là, les phrases aussi et sans euphémisme aucun, l’écrivaine verse les premières larmes. Les larmes d’un passé simple, sûrement commun à plusieurs, mais surtout à ‘’l’intersection des grands bouleversements de ce monde, des cataclysmes naturels, des coups d’Etat, des prises de décisions plus ou moins judicieuse de nos politiques’’ p.03. C’est l’histoire d’une vie. Plutôt, l’histoire de plusieurs vies, dont celle d’une mère et de ses enfants.

 

« On ne vit pas sans se dire adieu…sans mourir un peu. Sans abandonner pour aller plus loin sur son chemin, quelque chose ou quelqu’un… ».  Les paroles de Mireille Matthieu sont les maux qui ont rythmé la vie de celle  que Flore Hazoumé nomme ‘’MERE-COURAGE’’.  Une mère qui a tout laissé derrière elle pour embrasser l’incertitude de sa destinée.  De même, une épouse qui s’est mise entre parenthèse pour honorer un époux  trop  souvent parti. Mais avant, une enfant  narguée bien des fois par l’existence.  On a envie de dire qu’à cette maman, la vie n’a pas trop fait de cadeau !  Et pourtant, courageusement elle est parvenue très souvent à défier les courbes de sa destinée pour s’offrir la joie. Elle avait aussi droit au bonheur même si elle le doit dans la plupart du temps  à son cher époux. Dans cet antre des souvenirs de cette maman, s’entremêlent ceux d’une petite fille. Une petite fille dont les souvenirs sont plutôt doux contrairement à ceux de sa mère ! Dans une alternance des textes  de la mère et de la fille, Flore Hazoumé  titille les sens du lecteur. De son Congo natal à sa France adoptive, cette mère devait continuellement suivre un mari dont elle ignorait toujours la destination. Exercice pénible pour cette analphabète. Mais pour l’enfant c’était toujours avec enthousiasme qu’elle partait.

 

Quand  on a tout laissé derrière soi pour suivre un époux et que ce dernier doit vous abandonner pour l’éternité sur une terre étrangère, avec plusieurs enfants à votre charge, on se demande bien  si la vie doit continuer ?

C’est  la douleur, celle qui presse l’âme, sans qu’une goutte de larme ne tombe que nous découvrons dans ce livre-témoignage de Flore Hazoumé. C’est la misère de la plupart des épouses de ce continent en proie aux  pièges de la politique, que nous égrainons dans ce livre. Les thèmes tels le sacrifice, la tolérance, la famille, l’innocence se bousculent dans ce récit.

 

 La lecture de ce livre ne saurait lasser. A chaque page, on a juste envie de s’arrêter pour imprimer des phrases dans nos cœurs.  Le faisant on ne s’imagine pas qu’il en existe de plus belles ces phrases si simples mais dotées d’une littérarité légendaire ! Un texte bien aéré, bien écrit, accessible au premier et au second degré au premier regard. C’est juste un bon et beau livre.

Les hommes de lettre ont pour habitude de dire que le plus important dans l’écriture n’est pas de raconter une histoire, mais surtout de savoir la raconter. Ce savoir-là, Flore Hazoumé en détient les clés.

 

ATTE SOSTENE

« Je Te Le Devais Bien … » de Flore Hazoume, les classiques ivoiriens, 2012

 in Le Nouveau Courrier du 27 février 2015



03/03/2015
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