LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

« LA LIGNE D’OR » DE CHARLES PEMONT : L’EXALTATION DE L’IDEAL DE L’EDUCATION

Charles Pémont éditeur et écrivain ivoirien vient d’enrichir sa bibliographie d’un nouvel ouvrage assez original, un roman, titré La Ligne d’Or.

la_ligne_or.jpg

L’incipit de ce roman, d’entrée de jeu, nous ouvre les portiques d’un champ de valeurs morales et spirituelles : « Les esprits élevés savent que l’horizon est une ligne, que l’on soit sur terre, en mer ou dans les airs. C’est la ligne d’or. Quiconque veut atteindre les sommets de l’épanouissement humain, doit apprendre à marcher en direction de la ligne d’or, c’est-à-dire, se projeter bien-au-delà des difficultés et contingences visibles et, dans quelque espace où le mènent les lignes du destin, se battre pour s’accomplir, sachant d’avance que rien ne s’octroie, tout s’arrache »(p 7). Sans équivoque  cette pensée, s’articule avec l’idée de la nécessité d’avoir, dans la vie, un idéal, ou si vous voulez des principes. C’est à cette condition que la réussite et le succès peuvent vous tendre leurs tendres mains.

 

Cette conviction trouve son illustration dans la vie d’une jeune fille, la narratrice intradiégétique du roman. Au fil de son récit, elle lève le voile sur des séquences de sa vie qu’elle offre au lecteur comme un miroir. Son témoignage, par un jeu de rétrospection, révèle la figure d’un être qui s’est donné comme dessein, celui d’atteindre le sommet de l’échelle sociale en restant attaché à des valeurs sacrées héritées de ses géniteurs. En face d’une énigme, d’une épreuve ou d’une interrogation, son esprit est éclairé par les souvenirs des conseils et autres recommandations de son père et de sa mère. De l’enfance à l’âge adulte, notre personnage-narratrice a toujours su, souvent, avec une aisance formidable, reconnaître et esquiver les leurres de la vie. A l’appel séduisant des chants des sirènes, qui happent la jeunesse pressée de consommer tous les fruits du jardin, elle a opposé prudence et pondération. Conformément à son éducation, elle est restée dans les sillons de la responsabilité, les yeux droits, fixés sur la ligne d’or. C’est ainsi qu’elle pu échapper à un viol et à certaines dérives propres à l’âge de la jeunesse. C’est de cette façon également, que ses rapports avec Démosthène, le seul jeune homme qui a su faire battre son cœur, sont restés à la lisière de la décence. Son insertion dans le monde du travail d’une part et le mariage qui a couronné sa vie d’autre part constituent les preuves d’une vie bien remplie et épanouie.

 

Certes, le roman de Pémont, est riche en enseignements. Mais la trajectoire de la narratrice, nous semble incroyablement droite. Aucune véritable pierre d’achoppement ni une menue rigole sur son chemin. Comment aurait-elle pu surmonter la pente si lors d’une épreuve elle s’était retrouvée au creux de la vague ? Le personnage principal de ce roman présente les traits d’un ange tant il est quasiment impossible de lui trouver le moindre défaut.  Si l’idéalisation du personnage  verse une certaine paix au cœur du lecteur, elle a l’inconvénient de le noyer dans un flot d’illusions. La vie n’est pas une rivière tranquille qui se contente de couler, tendue vers sa destination. Elle est toujours contrariée par des arrêts et des détours des événements difficiles à contrôler.

 

La ligne d’or, certainement, est un vaste champ de maximes à moissonner, une rivière d’aphorismes à boire à satiété, un manuel du savoir-être. La plupart des grands sujets de l’existence humaine sont décryptés. Les grands consommateurs de livres de développement personnels et de pensées positives se retrouveront aisément dans la texture idéelle de ce livre et reconnaitront des centres d’intérêts qui leur sont familiers.

 

Dans une belle mise en abîme, l’auteur, par le biais de son personnage Charly Montep, un célèbre écrivain, déploie une enrichissante réflexion sur la création littéraire. La ligne force de cette œuvre  se décline en ces termes : Lorsqu’on se fixe un idéal et des principes de vie, et qu’on s’efforce de les respecter, il est clair que la réussite sera au rendez-vous au bout du processus. Charles Pémont, par ce roman, prouve au monde littéraire, que l’écrivain, en plus d’être une conscience critique, doit être un pédagogue, un semeur d’étoiles. Dans le contexte ivoirien, ce livre qui oscille entre le roman, l’essai et la méditation a un souffle novateur et original qui le place dans le giron des œuvres participant de la revalorisation de la littérature ivoirienne. La Ligne d’Or aurait pu être un essai sur le développement personnel. Mais l’écrivain en optant pour le récit fiction, démontre sa capacité à romancer la somme de ses expériences personnelles de lecteur, d’apprenant et d’écrivain.

 

Ce livre se lit le crayon à la main. Des sentences vous interpellent ; de belles pensées vous sourient. Du point de vue de la forme, la rigueur avec laquelle  la ponctuation a été utilisée est à saluer. La langue est belle et imagée. De Charles Pémont, écrivain et éditeur, on ne pouvait pas attendre moins.

 

Etty Macaire

La Ligne d’Or (Charles Pémont), Encre bleue, roman, 2014

In FRATERNITE MATIN DU 30 JUIN 2015



04/06/2015
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 31 autres membres