LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

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Candide ou l’optimisme de Voltaire : « Il faut cultiver notre jardin »: L’appel au travail de voltaire à l’Afrique

 

« Il faut cultiver notre jardin ». Telle est la dernière phrase qui clôt « Candide ou l’Optimisme », le mythique roman Voltaire. Cette phrase est hautement humaniste car elle révèle l’importance indiscutable de la notion du travail.

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La question du travail dans la tradition biblique est considérée comme un châtiment infligé à Adam à cause de sa désobéissance à Dieu. II est donc chassé du jardin paradisiaque et condamné à cultiver la terre pour survivre  (Genèse 3 :18). Mais au juste, qu’est-ce que le travail ?

Le travail vient du latin «  tripalium » qui désigne un instrument de torture. On retrouve d’ailleurs cette connotation de souffrance lorsqu’on parle de la femme qui accouche. Mais au-delà de toute considération idéologique, le travail est un instrument de libération et de restauration (…) . Voltaire, dans Candide dit : «  Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin » (P 176). Voilà la raison fondamentale qui doit pousser les humains à se consacrer au travail. L’harmonie sociale, pour Voltaire, s’obtient en fondant une organisation de la société sur le travail, qui permet à chacun de survivre et d’atteindre sa dignité en rendant service à la communauté. Toute richesse acquise en dehors du travail est éphémère et dangereuse.

Le siècle des Lumières, en tant que siècle des idées, a porté un regard positif et constructif sur la notion du travail qui a permis l’avènement de la révolution française de 1789 (…). Le travail n’est pas une malédiction mais une bénédiction. Cependant il faut se méfier de transformer le travail en esclavage de peur de le désacraliser. C’est en travaillant, en fournissant un effort en lui-même pénible que nous parvenons à satisfaire nos besoins vitaux. En un mot, le travail permet de se libérer des besoins vitaux en leur donnant les moyens de se satisfaire, et de se libérer des tentations...

        Apres avoir traversé toutes sortes d’épreuves épouvantables, les personnages du roman se réunissent pour amorcer leur vie du bon côté en se fondant sur le travail ; seul garant d’une vraie liberté. Candide, Martin, Panglosse, Cunégonde, la Vieille, Cacambo, Paquette sont unanimes que « l’homme n’est pas né pour le repos » et qu’il doit travailler sans raisonner, car c’est « le seul moyen de rendre la vie supportable ». C’est pour cette raison que « Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents. » (Candide, p.175.)

L’appel lancé par Voltaire au siècle des Lumières est aussi vivace qu’actuelle. L’Europe dans sa grande majorité a mis en œuvre cet appel. La preuve on la connait tous. L’Europe bénéficie aujourd’hui des fruits du travail acharné de ses enfants. Voltaire, romancier humaniste et homme universel, s’est toujours adressé à tous les humains.

Jeunesse africaine, à quelle société africaine rêvons si nous ne faisons pas du travail notre credo ? Quel bonheur voulons-nous obtenir sans le travail ? Posons-nous ces questions et trouvons des réponses concrètes et réelles si nous voulons construire réellement notre Afrique. Pour voltaire, le travail associe le bonheur individuel au bonheur collectif. C’est parce que chacun s’est mis à exercer ses talents que la métairie est devenue une source de prospérité. Chacun de nous a un ou plusieurs talents qu’il doit exercer. Voltaire l’a vécu : romancier, poète, dramaturge, historien, philosophe. Il a passé toute sa vie à travailler. C’est un modèle vivant pour la jeunesse africaine que nous sommes. Ne laissons pas l’Europe seule bénéficier des leçons de vie de Voltaire. Dans la métairie, chacun travaille. Cunégonde est « bien laide, mais elle devient une excellente pâtissière ». Paquette brode, la vieille prend soin du linge, frère Giroflée marque une rupture d’avec l’église et devient « honnête homme » et menuisier.

Voulons-nous être des spectateurs pour subir ou des acteurs pour agir ? La situation actuelle de l’Afrique nous recommande  d’être des acteurs flottants et mouvants pour combler les géants déficits socio-économiques et politiques de notre continent. Prenons notre destin et le dessein de l’Afrique en mains. Il est temps de changer d’orientation pour reconquérir la vraie liberté de l’Afrique bafouée en grande partie par ses propres enfants.

Le roman Candide ou l’Optimisme de Voltaire est devenu un classique littéraire. C’est un livre de vie, une bombe dont la capacité de destruction et de reconstruction n’est pas à comparer à celles des armes immorales que les hommes se sont fabriquées pour s’auto détruire.

Voltaire disait, « Je suis contre ce que vous dites, mais je défendrai à mort votre droit de le dire.» Le meilleur s’obtient dans la diversité. Et c’est à juste titre qu’Amadou Hampaté Ba a dit, deux siècles après Voltaire, que « La beauté d’un tapis vient de la diversité de ses couleurs.» Exprimons-nous et nourrissons-nous de nos diversités car « Tout citoyen oisif est un fripon » (Rousseau Jean-Jacques, Emile(1762), au ivre IV).

Cultivons notre jardin, c’est travailler pour notre société ; c’est prendre notre destin en main ; c’est prendre conscience de ce que nous sommes et travailler à l’améliorer. La balle est donc dans le camp de chacun de nous.

 

Kra Kobenan César 

Doctorant en Lettres Modernes

Voltaire, Candide ou l’Optimisme(1759), Paris, Hachette Livre

In Le Nouveau courrier du 12 décembre 2015

 

 



31/12/2014
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