LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

INTERVIEW/ Alex David Soro, ex-gérant des éditions balafons

Jeune, ambitieux, industrieux, Alex Soro a marqué de ses empreintes les éditions balafons. Après avoir œuvré 0 la publication d’une centaine d’ouvrages le jeune éditeur, sorti de l’écurie, caresse de nouveau projets toujours dans le domaine des lettres et des arts. Vibrant d’optimisme, il répond à nos questions...

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Vous êtes bien connu comme éditeur, gérant de la maison d’édition Balafons. Dites-nous comment vous vous être retrouvé dans cette structure ?

C’est une question à laquelle j’ai toujours eu du mal à répondre avec précision. Cela n’est pas dû tant à la complexité de l’histoire qu’à la difficulté que j’ai eue à cerner les débuts de cette aventure. C’est un projet que j’ai vu naître et que j’ai soutenu depuis 2010. A l’époque je sortais du Centre de reprographie de l’enseignement supérieur et on voulait un modèle d’édition plus dynamique. Avec les compétences et l’expérience acquises au CRES, j’ai donc travaillé avec Mlle Keita qui était plutôt administrative.

 

Combien de livres avez-vous participé à éditer dans cette maison ? Et quels sont vos meilleurs souvenirs ?

(Rire) Le dernier livre que j’ai fait éditer était ma 116ème création, en tant qu’éditeur. J’ai du mal à déterminer l’un de mes souvenirs comme le meilleur. Le meilleur souvenir c’est chacune des fois où je me mettais à concevoir un livre depuis le choix du titre, le format jusqu’aux couleurs. C’est quelque chose de formidable. Chaque fois que vous faites quelque chose de bon, vous en tirez une joie inouïe.

 

Le travail d’un éditeur ou d’un responsable éditorial n’est pas du tout aisé. Quel est le défi le plus difficile auquel vous avez été confronté ?

Je vais vous conter une anecdote : une fois, nous travaillions assez patiemment sur un ouvrage quand nous avons appris que l’auteur, une personne assez importante, ferait un bref passage en Côte d’Ivoire et qu’il en profiterait pour faire une dédicace. Nous étions à environ 36 heures de la cérémonie inopinée. Et il fallait faire du manuscrit - dont  nous finalisions à peine la correction - un livre. Ce jour-là, je suis allé chercher les agents chacun chez lui et on s’est assis de 23 heures le dimanche à 14 heures le mardi. Et la dédicace eu lieu à 15 heures ce mardi.

 

Et vos rapports avec les auteurs, ont-ils toujours été cordiaux et harmonieux ?

Je n’ai pas souvenance d’un quelconque conflit avec un auteur. Je crois que c’était là notre force. Tout le monde était chez lui lorsqu’il venait à moi. Tel pouvait m’appeler sur mon numéro personnel souvent même au-delà des heures de travail et nous bavardions en amis. Et aujourd’hui, certains écrivains sont devenus de véritables frères pour moi, mieux que ne peuvent l’être les frères biologiques.

 

Des rumeurs font état de ce que les éditions balafons et vous aviez rompu ?

Je dirai que pour une fois la rumeur n’a pas menti. Je l’ai confirmé au site du magazine l’art africain le 24 juin.

 

N’êtes-vous pas coupable d’une quelconque scélératesse ? De quoi vous accuse-t-on ?

Oh vous savez, l’ennui avec la rumeur c’est que parfois, elle transforme la vérité. Si bien que vous ne pouvez juger le moment où elle fait place au mensonge. Mais ce qui est génial avec, comme le disent les gens : « c’est que vous apprenez des choses sur vous-même que vous ignoriez ». Je crois que je suis coupable d’être naïf et ouvert. Pour le reste, j’en apprends chaque jour avec la rumeur.

 

Alors qu’est-ce qui est à l’origine de votre départ des éditions balafons ?

Vous allez en rire mais je ne sais pas moi-même. Vous vous réveillez un matin dans une atmosphère pleine de malentendus, vous vous dites : « cela va passer». Mais les gens vous épient. C’est comme si on attendait l’infime occasion pour vous mettre hors-jeu en attendant d’autres épopées.

 

Soyons sérieux M. Alex Soro…Vous ne vous reprochez rien ? Selon vous quelle est la véritable cause du clash ?

Croyez-moi, je cherche encore. Il semble que j’en apprendrai beaucoup. Surtout que la rumeur continue ses révélations ! Les gens se battent pour des intérêts. Mais vous, dites-moi, saviez-vous que j’ai des millions et que c’est pour cela que j’aurais démissionné ? J’ai même un gang, vous le saviez ? Des auteurs m’ont appelé souvent malicieusement pour savoir comment collaborer avec Balafons. Je leur fournis les informations qui me paraissent sûres et je les dirige vers une ex-collaboratrice. Avant d’interrompre la communication téléphonique, ils me disent : « les gens mentent ». Je leur dis : « je n’ai pas de problème avec quelqu’un ». Je dîne souvent avec une auteure de qui je suis resté très proche et nous en rions. A un auteur qui me témoigne toute sa sympathie, connaissant les méandres de ma vie, on est allé aussi dire des contre-vérités. On ne veut pas qu’il me soit proche. Et j’ai entendu des choses. Je serai si riche que j’ai une voiture deux fois plus cossue que le 4x4 que j’avais, une villa gigantesque et trois femmes (rire). Soyons sérieux, les gens me prêtent leurs fantasmes les plus vicieux. Mes amis rigolent souvent en me disant « tu étais si riche et nous te soutenions ici pour que tu te relèves ? » Vous savez, j’ai appris une chose fantastique dans ces moments d’épreuve : si vous recommandez votre sort à Dieu et que vous observez le silence, rien ne peut vous arriver. Et à ceux qui font la rumeur, les sages enseignent que si vous aiguillonnez un animal, fut-il le plus doux, un jour il finit par réagir, un peu comme dans le film américain Enough. Moi je crois en des valeurs sûres. Quelqu’un est venu me faire une proposition pour témoigner pour lui dans des affaires qu’il a avec Balafons. J’ai dit non ! Je suis calme et je travaille. Cela perturbe certains qui s’imaginent n’importe quoi. Et ils en inventent. D’autres disent que j’aide un éditeur qu’on cite nommément! … Les gens n’aiment pas la vérité pour peu qu’elle desserve leurs intentions perfides et manipulatrices. Comment vous pouvez comprendre qu’à chaque fois que vous franchissez une porte, des gens passent derrière pour vous dénigrer ? On va même chez mes frères. Souvent je suis attristé mais il m’arrive de rire de tant d’agitation. Mais attention ! Il ne faut pas qu’on prenne tous goût à ce jeu, sinon on dira qu’on les dénigre. Déjà, quelques personnes qui auraient des choses à se reprocher vont les dire, ignorant qu’Alex est occupé à des desseins plus ambitieux qu’à de vilains commérages. Et d’autres s’auto-flagellent pour m’accuser. C’est mesquin. Ce n’est pas sain tout cela. Mais j’ai une foi et un courage à toute épreuve ; j’ai des amis formidables qui se révèlent dans la difficulté. Il y a même des choses que je n’ai pas osé évoquer. Mais les masques tombent peu à peu. Il y aura beaucoup à révéler mais il serait bien que les gens s’occupent de leurs affaires et laissent les autres travailler en paix. Dieu évalue tous les hommes, dit David. Il sait rendre justice au temps opportun et aucun méchant ne s’en sort.

 

Nous apprenons que vous avez eu comme point de chute une nouvelle maison d’édition. Laquelle ?

J’ai travaillé auprès d’amis bien connus Kouadio Yao Auguste et Ahui Brou Aka Gabriel. Ils ne sont pas éditeurs ! J’ai été contacté par un éditeur et j’ai promis le recommander aux auteurs qui me font confiance et même l’assister, en attendant que la ministre pour qui je travaille encore m’autorise à signer un contrat avec cet éditeur.

 

Quelles sont vos nouvelles fonctions ? Alex Soro a-t-il des projets importants ?

Je suis graphiste pour le cercle de communication d’un membre du gouvernement. Je m’occupe de concevoir des visuels de communication autour de ses missions. Quant à mes projets personnels, ils sont ambitieux mais toujours dans le domaine du livre et des arts avec de nouvelles approches plus intéressantes. Avec l’accord de ma patronne je pourrai finaliser des offres et j’ai été présenté pour le financement présidentiel de projets pour les jeunes. On en reparlera très bientôt.

 

Un message aux Ivoiriens ?

Aux Ivoiriens je peux juste dire que la vérité cachée et barricadée finit toujours par couler comme un beau lac transparent et Dieu sonde les cœurs et les reins. Vous me permettrez de remercier des personnes précieuses pour moi. Des gens qui me disputaient quand j’hésitais à leur demander un service et qui me disent toujours : « on te côtoie depuis les ‘’bancs’’, on te connaît mieux que ceux qui prétendent te connaître ». Je leur dis merci pour tout. Je citerai Touareg Kouadio, Justice Innocente, Ahui, Berinel, Abouss, Tanoh Asset et son frère Abraham. Adi Rolande, Kouassi Anna Grace, Tanau Bonaventure, Kassy Serge, des bienfaiteurs dont l’aide était inattendue et aussi ma brave Aty J, croyez-en les paroles du Psaume 7 : 13-18.

 

Interview réalisée par Elvis Apra

In LE NOUVEAU COURRIER du 05 août 2014



07/09/2014
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