LE NOIR N'EST POINT NOIR de ALBERT DEBONY : Des vers libres pour des lettres ivres
‘’AFRIQUE mon AFRIQUE
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Je ne t’ai jamais connue…’’ (coups de pilon de DAVID DIOP)
Et oui AFRIQUE nous ne t’avons jamais connue, ou plutôt nous ne t’avons jamais comprise. D’ailleurs comment serait-il possible d’appréhender la vie dans l’obscurité, de percevoir l’existence dans les ténèbres. Tout est si sombre par ici, que l’AFRIQUE semble être l’ombre d’elle-même ! Enfin, c’est ce qu’on nous a toujours fait croire. Afrique, noire de peau, noire de cœur, noire d’esprit… voilà l’image qui nous est livrée. Et bien la couleur noire ne renvoie pas forcement à la négativité. C’est pourquoi disons avec ALBERT DEBONY : « LE NOIR N’EST POINT noir ». Cette toute première parution d’ALBERT DEBONY, est un recueil de poème de 91 pages édité par les éditions BALAFONS en aout 2014. Tournons ensemble ses pages, et voyons la véritable couleur du NOIR à travers les 30 poèmes .
Un continent qui a souffert de tous les maux depuis la nuit des temps, pour avoir commis pour seul crime le fait d’être NOIR. Une terre zébrée par tant de fouets et d’abominations. Un sol aux cris étouffés par tant de douleurs. C’est dans ce rappel révoltant que nous plonge dès les premières lignes ALBERT DEBONY. En effet le champ lexical de la déchéance (surannée, balafré, crevassée…crucifix, croix,) témoigne de l’indignation du poète face aux injustices de l’histoire. Certes, l’amertume est bien présente, mais notre poète clame de même une douleur imbibée de fierté. Il n’est nullement question d’un masochisme absurde, mais plutôt d’une fierté de n’avoir pas touché le fond en dépit de tout l’enfoncement. Il le dit dans ‘’ TERRE NEGRE’’ « ô terre nègre…que je porte à fière allure » p.17. Par ailleurs notons que l’histoire de cette terre est aussi celle du poète. Raison pour laquelle il tient à la réécrire à sa façon, et l’espoir reste son plus grand guide à cet effet. Les poèmes ‘’ DE CES TERRES’’ ‘’GESTHSEMANE’’ ‘’ABEILLES’’ déclament la force de résistance du NOIR, son courage indéfectible. C’est surtout un hymne à l’espoir. Outre ce fait, le poète en appelle également à une prise de conscience urgente de la part des fils et filles du continent. ‘’COMPLAINTE POUR UNE TERRE LESSIVEE’’ ‘’ L’EBOUEUR’’ ‘’DIX-HUIT HEURES ‘’ ‘’HANDICAPE’’ en sont de parfaites illustrations. Nous devons certes demeurer dans l’attente d’un lendemain meilleure, mais un lendemain qu’il nous faut nous même « créer » « faire ». Notre histoire, ne laissons plus personne l’écrire à notre place. Ainsi, le NOIR, c’est aussi l’abnégation au travail. Une Afrique sans tam-tam, sans danses et contes n’en est est pas une. ALBERT DEBONY, nous conduit une fois de plus dans la profonde forêt africaine pleine de joie de vivre et d’AMOUR. Allons –y découvrir le NOIR ‘’Là-bas ‘’ , ‘’ Le NENUPHAR’’, ‘’ ‘’ TAM-TAM’’ .
LE NOIR N’EST POINT noir, le concept de « noiritude » dont fait mention ALBERT DEBONY est incontestablement l’autre nom du mouvement de la négritude. Identité africaine, respect de nos valeurs, dénonciation de certains comportement « des maîtres » ; autant de combats égrenés par la plume de notre poète. Un afro-optimiste avéré. On attend tous cette AFRIQUE indépendante. Cette AFRIQUE libre que nous « promet » ALBERT DEBONY. Cette Afrique du NOIR est d’autant plus d’actualité que ce phénomène de la dépigmentation ne touche pas seulement la peau, mais aussi l’esprit. Cette négation du NOIR à accepter son « moi » au point de s’occidentaliser foncièrement. Comme si avoir la peau noire était un complexe. Cette notion du noir est un impressionnant débat multi-thèmes que soulève le poète.
Ces poèmes à vers libres nous montrent un homme qui a tant à dire qu’il lui est impossible de s’aligner dans la norme. Ce sont des vers ivres d’Amour pour le continent. C’est une création verbale énormément imagée, qui fait découvrir une stylistique plaisante. Aussi s’inscrit-il sur la liste de ces écrivains à « la plume africaine » autrement, ceux qui écrivent avec des mots de chez eux. Cependant la longueur de certains poèmes comme ‘’MA NOIRITUDE ‘’ qui s’étend sur près de 8 pages, rend un peu pénible la lecture et surtout la compréhension. De même des titres tels que ‘’ LA MAIN TENDUE’’ ‘’ L’INTRUS DANS LA COUR’’ sont moins expressifs pour leurs contenus.
C’est un livre qu’il plait tout de même d’avoir sous les yeux pour le régal de l’esprit et la passion du cœur.
Atté Sostène
Le noir n’est point noir de Albert Debony , éditions Balafons, Poésie, 2014
in Le Nouveau Courrier du 11 octobre 2014
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