LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

COUP DE GUEULE / POURQUOI LES AUTEURS PUBLIES PAR « L’Harmattan » PATINENT-ILS SUR LE MARCHE DU LIVRE ?

« L’Harmattan », cette maison qui fait tant rêver les jeunes auteurs ! Et pourtant à bord : arnaque, abaque, barbaque mêlée à l’ammoniaque. Que c’est pénible de relater les bouses d’un plus grand ! Même dangereux parfois !

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Et alors, que deviennent ces jeunes auteurs avec leur arme (la plume) ? Cet article peut paraître comme l’un des paratextes les plus rébarbatifs qui soient mais qui peut s’avérer être une précieuse source d’information. Il y a dans le monde du Livre certains placards si profonds qu’il faut vider. Cela devrait affranchir les auteurs les plus hardis, voire les plus naïfs, et ceux qui marchent les yeux bandés parce que tellement ravis de voir leur manuscrit enfin accepté par un éditeur qu’ils ne songent guère à décortiquer leur contrat.

C’est un tort mâle, une raison femelle, surtout s’il est estampillé « L’Harmattan », la toute première grande maison d’édition française (mais oui !) par le nombre de titres publiés chaque année et par son chiffre d’affaires hallucinant ! Devenue la plus grande maison d’édition francophone depuis moins d’une décennie, « L’Harmattan » s’est vue solliciter par des « entrepreneurs » véreux pour créer des « trous de rats » dans les capitales africaines, des presque succursales « made in L’Harmattan », piètres soient-elles ! Puis ont grimpé les publications, soit 15 fois plus que la moyenne d’origine ! Sans blague ! Des auteurs se sont vus alors griffer sur le pantalon la marque du label « L’Harmattan ». Leur rêve venait d’atteindre les nuages. Cependant, le moins qu’on puisse dire est que leurs comités de lecture ne sont pas les plus sélectifs, ni les plus exclusifs de France ou d’ailleurs ; « L’Harmattan » et ses « entrepreneurs-éditeurs » abritent tant de collections que la plupart des manuscrits arrivés par la poste paraissent le lendemain, qu’il s’agisse de thèses universitaires ou de plaquettes de poésies proscrites.

De là à ce qu’ils aient une véritable existence, en librairie ou dans la presse, fut-elle brève, c’est une autre histoire. Le label ne sait pas faire de caramel ! Cette maison a souvent été traînée en justice par des auteurs qui ont découvert, un peu tard, après avoir déboursé des sommes qu’ils n’avaient pas vraiment envisagées (entre 229 et 900 euros), qu’il s’agissait d’une sorte d’édition à compte d’auteur qui ne disait pas son nom.

 

Par un arrêté du 25 novembre 2005, le SNAC (Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs) et la SGDL (Société Des Gens de Lettres de France) ont obtenu gain de cause contre « L’Harmattan » auprès de la Cour d’appel de Paris. Ils soutenaient que des clauses des contrats étaient illicites : elles concernaient la gratuité des droits de reproduction, l’absence de mention du nombre d’exemplaires du premier tirage, la cession distincte des droits d’adaptation audiovisuelle, etc. Les juges avaient alors condamné « L’Harmattan » à verser 7000 euros aux plaignants, et à régler les frais d’insertion du jugement dans deux journaux de leur choix.

Et depuis, le visage de cette illustre maison (oui quand même !) dézone, perd de sa blancheur et prend des rides. Puisque chaque année, les organisations d’écrivains et syndicats sont toujours approchés par des auteurs qui s’estiment floués et réclament de l’assistance. Cela est piquant ! Et presque déshonorant ce règne des livres sans « qualités » et des auteurs qui font « pitié » ! L’Harmattan n’a fait depuis quelques années qu’augmenter massivement le nombre de titres publiés (plus de 1850 en 2004  et plus de 21400 en 2010 !)

Et pour faire paraître des thèses et des travaux universitaires vendus souvent à quelques centaines d’exemplaires, cet éditeur spécialisé réduit au strict minimum les coûts de fabrication et de diffusion de sorte que son rôle se rapproche de celui d’un imprimeur. C’est même une litote de le dire ainsi puisque, au passage, les droits de l’auteur aussi en prennent un sacré coup.

Des méthodes à condamner ! Cela dit, « Maison L’Harmattan, imprimeur », c’est assez bien vu !

 

Manchini Defela

Journaliste Critique Littéraire



20/05/2015
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