LE SANCTUAIRE D'ETTY MACAIRE 2

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Les frasques d’Ebinto ou le traumatisme caché d’un roman

Si la critique littéraire est du ressort des universitaires ou des critiques qualifiés et reconnus, c’est-à-dire des professeurs de Lettres, je vois et je suis plus certain aujourd’hui qu’un simple lecteur pourrait être le meilleur critique au sortir d’un récit qu’il a lu. Parce qu’il n’aura pas des contraintes sur les épaules, à lui imposé par le canevas universitaire.

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Le roman “ Les frasques d’Ebinto “ d’Amadou Koné ne m’a que trop attristé. Il m’a épuisé. Sa pesanteur psychoaffective est plus lourde que moi. Il m’a assommé et m’a infligé de douloureux ressentis. J’aurais préféré ne jamais le lire. Le chant du cygne et son mythe. Quel effroyable mystère ! Quel malheur ! Et puis  la mort de Monique, quel gâchis ! Qu’a fait cette innocente âme ? C’est à peine si je n’ai pas versé des larmes. Le récit est le plus grand  malheur que je n’ai jamais rencontré dans ma vie. Je me remettrai difficilement de la blessure qu’il m’a faite. Et je mettrai du temps avant de recommencer à lire, tant je souffre. L’histoire tragique de Titanic ne m’a pas autant bouleversé. Elle est plutôt romantique et donne l’envie de revivre l’aventure ou la mésaventure. Une âme innocente qui meurt tragiquement après autant de péripéties suite à une nuit fatale et naïve entre deux enfants dont l’adolescence n’est pas encore atteinte ou accomplie est cynique. L’auteur n’a laissé aucun bon souvenir. Il n’a créé aucune issue à Monique.

 

L’histoire aurait dû prendre fin quand Monique avait décidé de se séparer d’Ebinto. Ebinto aurait dû  laisser Monique continuer son chemin et vivre d’autres souffrances que de la ramener à lui, à la mort, à un destin tragique, aussi tragique que cruel. Je dirai même cynique. Pourquoi Ebinto était-il parti ramener Monique à lui, à sa vie ? Pourquoi Monique avait-elle accepté de retourner avec Ebinto ? Pourquoi l’avait-elle pardonné dans cette station d’essence, cette nuit où elle avait décidé d’aller loin, loin des malheurs et des souffrances infligées par lui, son mari. Elle avait pris en réalité son destin en main cette nuit-là. Mais malheureusement, elle avait rebroussé chemin pour se donner  à la fauve d’Ebinto dont le chemin de vie avait des griffes empoisonnées qui ont effectivement empoisonné sa naïveté, sa féminité, sa beauté, sa jeunesse, son sourire, son épanouissement, son être, sa vie.

Amadou Koné ne pouvait-il pas se soucier du déséquilibre psychologique que la perte tragique et cruelle de Monique pourrait provoquer chez le lecteur ? Ah, quel récit, je n’aurais pas dû le vivre. Paix à toi, Monique ! Paix à ton âme !

 

e ! Et si paradis il y a, où les âmes retrouvent le bonheur et la tranquillité, je te demande d’y accéder,  d’y rester et de ne revenir sur terre qu’avec une étoile sans un brin de kharma amoureux au point de rencontrer Ebinto. Là-bas, dans l’au-delà, tu y rencontreras sans doute ton enfant, celui mort-né que tu as porté neuf mois sans l’avoir touché, senti, respiré, caressé, embrassé, consolé comme toutes les mamans après le passage de la vie à la mort, l’enfantement. Tu ne l’as jamais serré contre toi. Tu ne l’as jamais vu. Consolation à toi, Monique. Condoléances aussi !

 

“ Les frasques d’Ebinto “ est un roman pas consolateur, éloquent et calme. Il ne peut être un ami. Mais peut-être sûrement un conseiller comme André Gide l’a écrit : « Un livre a toujours été pour moi un ami, un conseiller, un consolateur éloquent et calme ». Malheureusement un conseiller violent, traumatisant, grondant comme un tonnerre. Mais enfin je me tais parce que  je ne sais en quoi cela me regarde. Un récit est un récit. Une fiction l’est encore plus. C’est cela la réalité. Mais quand c’est bien écrit avec des mots bien choisis, des situations décrites à vous enlever le souffle, et quand vous vivez réellement l’histoire avec dans votre tête les images créées véritablement, vous comprendrez que je ne  pourrai pas me taire. Ou alors vous avez un cœur surgelé, ou en acier. Ou alors à la place d’un cœur d’humain ordinaire celui d’un bourreau, ou d’un kamikaze ! Mais voyons, je me tais. Encore une fois, ça y est !

 

Mais n’oubliez jamais. Voici comment le mythe du chant du cygne a prédit la mort de Monique : « Quand ceux-ci (les cygnes) sentent en effet venir l’heure de leur mort, le chant qu’ils avaient auparavant, ce chant se fait alors plus fréquent et plus éclatant que jamais, dans leur joie d’être sur le point de s’en aller auprès de Dieu dont ils sont les servants. Mais les hommes avec leur effroi de la mort calomnient jusqu’aux cygnes : ils se lamentent, dit-on, sur la mort ; la douleur leur inspire ce chant suprême ». Et Monique a chanté dans ce bateau, cette nuit où elle rentrait avec Ebinto dans son village. Ce lieu, elle ne le verra jamais plus de son vivant. Elle avait chanté !

Voilà, j’ai critiqué, pas un auteur des moindres, Amadou Koné. Je ne crois pas avoir commis un crime contre les Belles Lettres. Car après tout, l’art et l’artiste doivent être vecteurs de la plus grande liberté. L’amoureux de l’art aussi doit avoir la plus grande liberté de critique, la critique comme ressenti, impression, appréciation. Les règles fabriquées pour régir l’art sont des contraintes qui tuent l’art et l’inspiration. Ainsi l’artiste et le lecteur sont comme des enchaînés vendus au marché du protectionnisme !

J’ai dit !

 

Maurille-Vierge KOUDOSSOU

 

 



10/10/2014
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